Brest blog,humeur ,liberté de pensée ,poésie,tranche de vie,humour,et sarcasmes
26 Décembre 2011
Pour avoir tant vomi cette langue ,non pas qu'elle fût barbare ou irritante à mes oreilles d'enfant, mais j'étais un"p'tit zef"plein de condescendance pour ses locuteurs assimilés à la paysannerie avec toutes les idées reçues collant à leurs "boutous".Intruse à l'arsenal, étendard d'une France suzeraine ,trainée dans les sabots de campagnards trop pauvres contraints à cumuler la pénibilité du rivetage à chaud au bassin de carène(qu'importait qu'ils ne parlassent point le français,leurs bras vigoureux et leur ténacité légendaire comblaient avantageusement cette lacune)aux nécessaires soins du bétail le soir venu dans les frimas de l'hiver.Chère à ces ploucs qui d'un oeil malicieux imposaient leur accent rocailleux ,garçons de ferme conduisant vaches ou chevaux aux comices agricoles,femmes en noir, paniers au bras, la coiffe amidonnée épinglée sur un chignon trop strict, livrant le beurre si apprécié des citadins.Oh j'ai craché sur tout ce qui de près ou de loin me "bretonnisait",j'ai honni ce folklore ,la bombarde nasillarde et le biniou pleurnichard ,j'ai singé la gavotte et moqué les festou-noz,comme j'ai aimé sans me lasser cette mer déchirant en fine dentelle les rivages granitiques d'une lointaine armorique ,pointe érodée aux vents de l'aventure.
Ces hommes débarqués sur une lande ingrate vénérant le genêt aussi bien que l'ajonc ,repartis sur les flots aux siècles des légendes sur les traces du valeureux Gradlon.L'histoire me réconciliait donc balayant les clichés empoisonnés de méconnaissance d'une république amnésique!
Et ma fierté toute neuve n'était pourtant pas d'être breton mais bien la révélation étonnante d'un instituteur ;Notre français est plus pur n'étant pas pollué par tel ou tel usage d'un patois lancinant,notre niveau scolaire est un des meilleurs.Nous n'étions donc pas des arriérés, des demi-français ,des réfractaires, à l'image de ces curés omniprésents dans notre culture profonde,non, de Hervé de Portzmoguer à Ernest Renan l'ouverture sur le monde fut toujours nôtre.