Le parfum du troène.

Mais c'est qu'il est trop blanc le malheureux chaton !

Ils le jettent alors dans la rigole grise

Où se mêlent, gluances, miasmes et immondices.

Maintenant apeurés à le voir tremblotant ,

Les yeux exorbités,le squelette saillant,

Les deux frères voudraient lui rendre sa noblesse.

Mais comment satisfaire cette repentance ?

Sous la gouttière,la barrique aux pures eaux du ciel...

Pourquoi trois enfants blonds pas plus idiots que ça

Boiraient-ils,chacun à ses heures,au goulot,   

La bière amère dans la baraque aux lapins?

Une bouteille, vide plus souvent que pleine

Repose  en évidence sur une traverse...

.

Ici le lapin du dimanche, dont le sang

A bruni les planches ,pendu,l'œil arraché,

Puis bientôt écorché saigne dans la bassine.

Les entrailles fumantes ,le cœur,les rognons,

Les pattes coupées livrent bien des secrets !

Mais pourquoi quatre enfants, moins innocents c'est sûr,

Verraient-ils sans mot dire la chèvre agoniser?

Sous le vieux pommier gris improbable potence

Elle a longtemps cherché du sabot le salut ...

Car le nœud à son cou ne l'avait pas brisée !

Son bourreau est si noir,il n'a plus la mesure.

Déjà pris au collet les trois tendres chevreaux .

Dépecés eux-aussi sans attendre le sceau.

Rosette quittant sa jolie robe grise

Dans un dernier soupir fait un signe aux enfants

Au jardin de grand-père un sulfureux mélange;

Comme le laurier sauce accuse  le fumier,

Le parfum du troène l'odeur âcre du sang;

Cœur au bord des yeux,des gosses au paradis ,

Corps et âme maudissent le serpent qui siffle !

Et puis la vie s'en fout pourvu qu'on la vénère.

Donc six enfants graves ont choisi l'escapade,

La joie,la bonne humeur,quel joli tableau .

Mais on ne peut longtemps refuser l'héritage.

Jamais les casseroles ne sonneront le glas!