10 Février 2011
"Allo maman".J'ai la gorge serrée ?Je viens d'apprendre la mort brutale de mon cousin et je me dois d'en informer ma mère.
A ma voix étranglée par l'émotion ,elle décèle un malaise,"çà ne va pas" me dit-elle ,"Armel est mort" lui dis-je péniblement
"Ah tu m'as fait peur ,je croyais que c'était toi"(qui avait un problème),"je ne dis pas que ce n'est pas grave "poursuit-elle(mon coeur fait des bonds,quel égoisme me dis-je)Ok ,elle m'aime beaucoup,elle veille sur le clan en matriarche.La lente mais irrémédiable dégringolade de la déesse Mère a commencé il ya bien des années.De la maman adorée ,élevée en sacro-sainte entité à la femme démystifiée,toute une série de faits plus ou moins mineurs ,des paroles malheureuses et des situations ambigues.La première interrogation corrosive arriva à vingt-cinq ans au cours d'une crise existentielle majeure.Pour la première fois de ma vie ,j'osais affronter la réalité :ma mère n'était pas tout à fait la gentille,la douce qu'elle avait toujours incarné pour moi.Il fallait que j'évacue la nébuleuse tapie dans le soma.Tuer le père dit-on ,moi à défaut de père vivant,il fallait que je tue la mère.M'émanciper du regard à la fois protecteur et malsain d'une bienpensante.Faire le tri ,la maman ,la femme,le chef de famille,démêler l'écheveau,rendre à césar.............Tout à coup la lumière se fait crue ,les yeux brûlent ,et si mon beau-père tant détesté n'était pas le monstre intégral,si les circonstances créaient le personnage.Torts partagés?je l'avais exclu si longtemps?Mais aujourd'hui ,il n'est plus là,les causes évoquées si souvent pour justifier tel ou tel mouvement d'humeur n'existent plus.Et pourtant?Je regrette parfois le temps de l'innocence,le temps des vérités immuables.Le véritable amour n'est t-il pas celui qui comprend sans occulter ,pas le sentiment primaire et animal ,mais le tissage de noeuds serrés dans le quotidien en toute transparence.S'il m'a fallu souffrir pour me délivrer du mal ,c'est à ce prix que j'ai gagné ma "liberté".Comprendre les raisons de son mal-être ,ouvrir quelquefois une boite de pandore et y trouver le bonheur en y trouvant son âme sans masque.Allo Maman,je t'aime.(Quand même)