Pigeon vole ,poule glousse ,suite .

"Ok lui dis-je magnanime ,à ce soir"

Attablés sous le désormais familier cerisier nous attendons la visite de cet individu mal dégrossi.Dix neuf heures ,trente,vingt heures ...Le dîner est près .

Mercredi 2 juin  ,dix-huit heures.

Après la visite fort agréable du château de Brézé nous rentrons au gîte.Sortant dans le jardin m'installer pour lire le polar américain déjà bien entamé,je découvre,déposée près de la porte une bouteille de rosé ...Ah je ris .Quel manque de finesse!Sans doute nous ont-ils attendus hier soir pour cet apéro réconciliateur...Vexés peut-être ?Nous en rions .Quels ploucs!

Je me remémore notre arrivée le samedi .Accueillis par madame ,petite femme charmante au premier abord.Elle nous invite a entrer, en limite de propriété dans la sympathique petite bâtisse blanche couverte de tuiles romaines.Au rez-de- chaussée  une pièce certes fraîche avec ses murs de cinquante ,mais qui me paraît étouffante avec sa cheminée en pierre de tuffeau aux dimensions disproportionnées,son escalier de bois blond,et coincée dans un angle une kitchenette éclairée par une modeste fenêtre aux carreaux jaunes martelés.Les poutres apparentes et au sol les tomettes terre brûlée accentuent encore l'ambiance rustique semble t-il recherchée.A l'étage la tomette rougeoie encore sous une charpente massive qui je présume est de la même essence que l'escalier.Je note les assemblages chevillés à l'ancienne.Si ce n'est la poutre axiale que nous devons éviter au passage pour nous coucher, l'ouvrage est harmonieux.La visite terminée notre hôtesse nous invite à la suivre pour prendre le pot de bienvenue.D'emblée le ton est donné.Sur la table de bois version jardin trône une bouteille de cidre U.Je ne m'attendais évidemment pas à du champagne millésimé,mais quand même,du cidre à deux balles... La grande classe !Son mari vient nous saluer .Puis nous dit qu'il a une course à faire. "pas plus d'un quart d'heure ".Et casqué enfourche sa moto.En son absence nous échangeons quelques banalités.Quand l'homme revient la discussion s'étoffe un peu . -C'est vous qui avez rénovez les bâtiments?-Oui ,me répond-t-il, à la base je suis maçon-Et puis s'en suit un quasi monologue.-je suis prof,j'aide de jeunes migrants à s'insérer par une formation professionnelle -Tout y passe:le respect qu'ils lui témoignent ,leur envie de se battre pour réussir,pas comme ces petits cons des classes BTS qui se comportent comme des enfants gâtés.A l'écouter j'imagine qu'il a lui-même du en chier,que pour lui, seul compte  le labeur,je veux dire la boulimie,ce à quoi je me suis toujours opposé.Un temps pour tout! Bref un bourreau de travail hélas un jour victime de cette quête perpétuelle de reconnaissance.Pour être honnête,je lui dit quand même mon admiration pour le "boulot" fait ici.-Oh il y a quelques petits défauts me dit-il- avec une évidente fausse modestie(laquelle est selon ce que j'ai pu entendre le sommet de la fatuité)- je me sens bien incapable de réaliser une charpente en bois (je suis moi-même charpentier fer) Mes propos rendent sa femme pleine de satisfaction.Elle porte à son mari un regard plein de fierté...Jésus, Marie ,Joseph ! Ils s'aiment ces deux-là !