Sa belle anglaise quoique un peu souffreteuse le conduisit donc en Ukraine.Nation écartelée s'il en est entre une Union européenne qui hélas se délite un peu plus chaque jour sans que ses membres jamais ne fissent vraiment corps et une Russie matrice séparée dans la douleur de ces turbulents enfants soviétiques ,qui sous la houlette du gamin bagarreur de saint-Pétersbourg devenu "héros national", ambitionne avec coups de gueule et gesticulations la réintégration des émancipés,dont les sous-sols abondent de ressources jadis exploitées par l'hégémonique URSS.Je doute que la géopolitique soit pour lui une grande préoccupation .Mais parler de tourisme sexuel serait faire injure à cet authentique galant homme .Non ce qui l'amène ici est un sentiment des plus nobles:tendre la main à une femme éprise de liberté .Dans un pays où le revenu moyen culmine à deux cent-cinquante euros,toute opportunité est à saisir .Quid du prince charmant et de son cheval blanc...quand la vie à chaque instant force au pragmatisme.
Ainsi me dit-il :"Ils sont gais malgré les événements. Ils chantent ,ils dansent".
Il a la sincérité navrante qu'avaient les colons envers les indigènes africains .Bon il semble avoir trouvé une seconde jeunesse ...à moindre frais .Faire la bordure ainsi appellent-ils ces soirées de beuverie, ni plus ni moins délurées qu'avant la menace de l'ogre russe.La rituelle tournée des bars comme nous la connaissons chez nous ,puis jusqu'à pas d'heure la défonce sur le trottoir ou au jardin public,à refaire le monde;ce vieux monde croulant d'injustices et d'inégalités,dans lequel bien des générations en quête de mieux vivre ont dans un élan révolutionnaire ,ou par les urnes,porté aux nues des fossoyeurs de liberté.Car l'utopie ,la vraie, implique de se remettre en question.Quitter le plancher des vaches n'est pas une sinécure,mais réfléchir avec ses pieds ne mène qu'à un enchaînement de mauvais pas .